Les données de santé, un potentiel encore insuffisamment exploité
L’étude produite par le cabinet Veltys s’attache à examiner le potentiel que représente l’utilisation secondaire des données de santé pour l’économie française, notamment grâce à un parangonnage des écosystèmes et politiques publiques existants à l’étranger.
L’étude réalisée par le cabinet Veltys et remise au Health Data Hub en juillet 2022, nous apprend que l’exploitation des données de santé représenterait un gain d’environ 7,3 milliards d’euros par an pour l’économie française. Développement de médicaments, recherche, outillage des professionnels de santé… Les innovations à venir ne manquent pas.
L’étude dresse cependant le constat selon lequel la France accuse un retard dans la saisie de ce potentiel. C’est le cas en matière de startups fondées sur l’usage de la donnée de santé puisque la France, malgré son patrimoine de données unique au monde, ne compte aucune licorne dans le domaine. Plus largement, la France ne présente pas d’entreprises reposant sur l’utilisation des données secondaires avec des valorisations importantes (plus de 50 millions d’euros). C’est aussi le cas en matière de dépôt de brevets, qui constituent un signe d’innovation majeur. En effet, le nombre de brevets a fortement augmenté pour les MedTech au niveau mondial (+39%), augmentation qui n’est pas suivie par la France (+22%) qui ne représente que 2,9% des brevets mondiaux et 3,3% des brevets au niveau OCDE. A l’inverse, certains pays présentent un volume de brevets très important par rapport à leur taille (notamment Israël et la Corée du Sud). Il est à noter que ces pays constituent les pays les plus en pointe en termes de données, notamment dans la classification OCDE, et ceux qui ont mis en œuvre les politiques publiques les plus ambitieuses en la matière.
En effet, bien que la France soit bien classée en termes de gouvernance d’accès, l’étude avance un certain nombre de freins qui surviennent encore lorsqu’il s’agit d’utilisation secondaire des données de santé en France : l’absence de bases de données organisées sur certaines aires thérapeutiques majeures (cancer, diabète, maladies cardiovasculaires…), des enjeux d’infrastructure (manque d’automatisation de la collecte de données, délais d’accès), et des facteurs structurels (manque de financement de la collecte, délais pour accéder aux données, difficultés d’interopérabilité…). Ainsi, selon l’Open Data Institute, de plus en plus d’industriels utilisent des données à l’étranger, en particulier aux Etats-Unis et au Canada.
L’identification de ces freins ainsi que de leur impact sur l’économie française - au delà bien entendu de l’impact en termes de santé publique, sera très utile aux décideurs publics ainsi qu’aux nombreux acteurs de l’écosystème qui ont pour objectif de favoriser le développement de projets innovants.