Etude nationale sur la prévalence et les facteurs de risque du syndrome de déficit énergétique dans le sport (REDs) chez les traileurs et traileuses français(es)
Objectif(s) de la recherche et intérêt pour la santé publique
Finalité de l'étude
Objectifs poursuivis
Domaines médicaux investigués
Bénéfices attendus
Généralités La recherche de performance optimale dans le sport, et particulièrement dans les disciplines d’endurance comme le trail et l’ultra-trail, confronte les athlètes à un défi majeur : maintenir un équilibre entre l'apport énergétique et la dépense énergétique. Lorsqu'un déséquilibre apparaît et que l’énergie disponible après exercice devient insuffisante pour assurer les fonctions physiologiques essentielles, on parle de faible disponibilité énergétique (LEA – Low Energy Availability) Lorsque cette LEA est prolongée et/ou sévère, elle entraîne un ensemble de dysfonctionnements physiologiques et psychologiques regroupés sous le terme de syndrome de déficit énergétique dans le sport (REDs – Relative Energy Deficiency in Sport). Ce syndrome a été initialement décrit sous le nom de Triade de l’athlète féminine, incluant trois composantes :
· Une faible disponibilité énergétique (avec ou sans trouble du comportement alimentaire).
· Une faible densité minérale osseuse.
· Un dysfonctionnement menstruel.
Si la triade concernait initialement uniquement les femmes, le Comité International Olympique (CIO) a élargi sa définition en 2014 au REDs, pour reconnaître que ces troubles peuvent toucher les athlètes masculins comme féminins, avec des répercussions sur l’ensemble des systèmes physiologiques, y compris la santé métabolique, cardiovasculaire, immunitaire et psychologique (3–5).
La prévalence du REDs varie largement selon la discipline, le sexe et le niveau de performance.
· Chez les femmes, les études estiment qu’entre 23 % et 79,5 % des athlètes présentent une LEA prolongée (6–15).
· Chez les hommes, bien que le syndrome soit historiquement sous-estimé, des études récentes indiquent une prévalence allant de 15 % à 70 %, avec des impacts physiologiques similaires, notamment une baisse de la testostérone et de la densité minérale osseuse (11–13,15–19).
Cette variabilité s’explique par l’absence d’un diagnostic unique et définitif (20), l’utilisation erronée des termes LEA et REDs comme interchangeables, le manque de standardisation et de précision des méthodologies de recherche (par exemple, mesures inexactes de la disponibilité énergétique), la variabilité des exigences physiologiques entre les populations étudiées, ainsi que les biais de participation des volontaires dans ces études (21).
Répercussions physiologiques du REDs
Le REDs entraîne des altérations physiologiques majeures qui touchent de nombreux systèmes corporels. La cause principale réside dans une disponibilité énergétique insuffisante (Low Energy Availability, LEA), qui empêche l'organisme de maintenir ses fonctions essentielles après avoir couvert les dépenses énergétiques liées à l'exercice. Cette perturbation a des effets délétères sur la fonction reproductive, la santé osseuse, la fonction gastro-intestinale, le métabolisme énergétique, le statut hématologique, la fonction urinaire, le métabolisme glucidique et lipidique, la santé mentale, la fonction neurocognitive, le sommeil, la fonction cardiovasculaire, la fonction musculaire, la croissance et le développement, ainsi que l’immunité (5).
1. Dysfonctionnement hormonal et reproduction
Chez les femmes, la LEA entraîne une altération de l’axe hypothalamo-hypophyso-ovarien, se traduisant par une réduction des niveaux d’œstrogène et de progestérone, des irrégularités menstruelles (oligoménorrhée aménorrhée secondaire) et une diminution de la fertilité. Ces perturbations augmentent le risque d’ostéoporose et de fractures de fatigue en raison d’une diminution de la densité osseuse. Chez les hommes, la LEA entraîne une baisse de la testostérone, pouvant provoquer une diminution de la libido, des anomalies spermatiques et, dans certains cas, une dysfonction érectile. Dans les deux sexes, une baisse du métabolisme basal et une fatigue accrue sont observées en raison de la perturbation de l’axe endocrinien.
2. Altérations de la santé osseuse
Le système squelettique est particulièrement affecté par le REDs, car les hormones sexuelles jouent un rôle clé dans le renouvellement osseux et la minéralisation. Une diminution de la densité minérale osseuse (BMD) augmente significativement le risque de fractures de stress, une pathologie fréquente chez les athlètes d’endurance. Chez les jeunes athlètes, un apport énergétique insuffisant perturbe le développement osseux optimal, compromettant la santé musculo-squelettique à long terme.
3. Troubles gastro-intestinaux et métaboliques
Un métabolisme énergétique perturbé est une conséquence directe du REDs. On observe une baisse des taux de triiodothyronine (T3), une diminution du taux de leptine (hormone de la satiété), une augmentation du cortisol et une réduction du métabolisme basal. Ces perturbations hormonales affectent la régulation de l’appétit et peuvent exacerber des comportements alimentaires restrictifs. De plus, le REDs est souvent associé à des troubles gastro-intestinaux tels que des douleurs abdominales, des ballonnements et des modifications du transit intestinal, en raison d’une adaptation de l’organisme à une moindre disponibilité énergétique.
4. Répercussions cardiovasculaires et hématologiques
Le REDs altère également la fonction cardiovasculaire, provoquant une bradycardie (ralentissement du rythme cardiaque), une hypotension orthostatique et une diminution du débit sanguin périphérique. Des anomalies de l’électrocardiogramme (ECG), telles que l’allongement de l’intervalle QT, ont été observées chez des athlètes souffrant de déficit énergétique prolongé. Le taux de fer et d’hémoglobine peut également être réduit, limitant la capacité de transport de l’oxygène et augmentant le risque d’anémie, ce qui compromet l’endurance et la récupération après l’effort.
5. Troubles immunitaires et psychologiques
Un apport énergétique insuffisant affaiblit la réponse immunitaire, exposant les athlètes à des infections fréquentes et à une récupération plus lente après une maladie ou une blessure. Sur le plan psychologique, le REDs est fortement corrélé aux troubles du comportement alimentaire (TCA), à une dépendance excessive à l’exercice et à des troubles de l’humeur (dépression, anxiété, irritabilité). Ces impacts mentaux forment un cercle vicieux, où la quête de performance pousse certains athlètes à restreindre encore davantage leur alimentation, aggravant ainsi les effets du REDs.
Tous ces éléments peuvent, individuellement et de manière synergique, conduire à une altération du bien-être, à un risque accru de blessures et à une diminution des performances sportives.
Le trail running : une discipline en pleine expansion
Le trail running, une forme de course à pied pratiquée en milieu naturel, gagne en popularité et connaît une croissance rapide tant en nombre de participants qu'en couverture médiatique (22–24) et d'intérêt au sein de l'industrie sportive (25). Le nombre de pratiquants s'élève à plus de 20 millions à travers le monde, avec une croissance de 15% au cours de la dernière décennie (26–28). Par ailleurs le spectre des caractéristiques des courses de trail s'élargit également. La Figure 2 montre le nombre de courses enregistrées dans le circuit International Trail Running Association (ITRA) de 2010 à 2018. Le nombre de courses a été multiplié par seize en seulement huit ans, passant de 275 courses en 2010 à 4439 en 2018. Par ailleurs, la présence plus forte des courses de trail est sur le continent européen : le pays avec le plus grand nombre de courses sur la période 2010-2018 était la France, suivi des États-Unis, de l'Espagne, de l'Italie et de la Chine (29). En France, la Fédération Française des Industries du Sport estimait en 2017 que 3,5 millions des 17 millions de coureurs à pied étaient des adeptes du trail.
Le trail-running : un terrain à haut risque pour le REDs
Dans les disciplines d’endurance, comme le trail et l’ultra-trail, les risques de REDs semblent particulièrement élevés. En effet, le trail-running est une discipline exigeante où les athlètes doivent faire face à des contraintes énergétiques élevées (30):
· Dépense énergétique massive : liée aux distances longues, aux terrains techniques et aux dénivelés importants.
· Volonté de réduction du poids : le rapport poids/puissance est un facteur clé de performance, incitant certains athlètes à réduire leurs apports énergétiques de manière excessive.
· Charge d'entraînement importante : accentuant le déséquilibre énergétique.
Malgré ces risques, une seule étude a évalué la prévalence de LEA chez les coureurs de trail (31). Environ la moitié des traileuses étaient à risque de LEA, ce qui est comparable à la prévalence de 44,1 % trouvée chez les athlètes d'ultramarathon (32). Malheureusement, ces études se limitaient à une population féminine et ne prenaient pas en compte les répercussions physiologiques et psychologiques constituant le REDs.
Au total, en considérant :
· La forte prévalence de la faible disponibilité énergétique (LEA) chez les athlètes d’endurance, et notamment les traileuses.
· Le risque accru supposé de REDs dans les disciplines d’ultra-endurance, en raison d’une charge d'entraînement élevée et d'une dépense énergétique massive.
· La volonté fréquente de réduction du poids chez les traileurs pour optimiser le rapport poids/puissance, au détriment de l’apport énergétique nécessaire.
· Les conséquences physiologiques et psychologiques du REDs, qui impactent directement la santé et la performance des athlètes. L’absence d’études épidémiologiques robustes sur la prévalence et les facteurs de risque du REDs chez les traileurs
Données utilisées
Catégories de données utilisées
Source de données utilisées
Autre(s) source(s) de donnée(s) mobilisée(s)
Appariement entre les sources de données mobilisées
Variables sensibles utilisées
Recours au numéro d'identification des professionnels de santé
Plateforme utilisée pour l'analyse des données
Acteurs finançant et participant à l'étude
Responsable(s) de traitement
Type de responsable de traitement 1
Responsable de traitement 1
Localisation du responsable de traitement 1
Représentant du responsable de traitement 1
Calendrier du projet
Base légale pour accéder aux données
Encadrement réglementaire
Durée de conservation aux fins du projet (en années)
15
Existence d'une prise de décision automatisée
Fondement juridique
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