N° F20231205144932

Comment les infectiologues et les généralistes répondent-ils aux besoins de santé mentale de leurs patients engagés dans le chemsex?

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Objectif(s) de la recherche et intérêt pour la santé publique

Objectifs poursuivis

Prévention et traitement
Informations relatives à la prise en charge sanitaire, médico-sociale et financière associées à chaque bénéficiaire des patients
Compréhension des maladies

Domaines médicaux investigués

Psychologie et psychiatrie
Maladies infectieuses

Bénéfices attendus

Le chemsex est un terme issu de la contraction des mots anglais « chemicals » pour chimique et « sex », et désigne la consommation de substances psychoactives en contexte de sexualité « dans le but d’initier, de faciliter, de prolonger ou d’améliorer les rapports sexuels ». Ce terme est apparu à la fin des années 1990 dans les communautés gays américaines et anglo-saxonnes. En France, la pratique de chemsex a connu un essor depuis le début des années 2010, en lien avec l’arrivée progressive des cathinones de synthèse et des applications de rencontre, principalement au sein de la communauté gay.

Le concept de chemsex est récent et sujet à de nombreuses polémiques. Le 2° European Chemsex Forum de 2018 s’est appuyé sur les acteurs de terrains à l’échelle internationale pour proposer une définition prenant en compte les dimensions sociales et communautaires du chemsex, intégrant les aspects de stigmatisation des personnes LGBT+.

La prévalence du chemsex en population générale semble complexe à déterminer avec une grande variabilité des chiffres selon les lieux et les populations, mais le chemsex pourrait concerner au moins 20% des hommes ayant des rapports sexuels avec un ou d’Autres sources hommes (HSH) et 30 à 50% des patients HSH suivis en maladies infectieuses.

Il s’agit d’un concept clinique au carrefour de plusieurs champs nosographiques en santé mentale. Des études récentes montrent une association entre troubles psychiatriques et pratique du chemsex 1, 2. Les comorbidités psychiatriques sont donc fréquentes et à des taux bien plus élevés que dans la population générale (anxiété, dépression, tendance suicidaires, comportements à risque, trouble de l’usage de substances, stigmatisations, psycho-traumatismes,…).

Par ailleurs, il existe des facteurs de risque communs entre l’infection au VIH, les épisodes dépressifs majeurs et la pratique du chemsex (homosexualité, violences sexuelles subies dans l’enfance, minorité ethnique, violence conjugale, addictions et stigma)  3, 4, 5. Il y a donc un véritable enjeu en termes de santé publique 6.

En France, les infectiologues et les médecins généralistes, qu’il s’agisse de consultations hospitalières spécialisées ou libérales, sont en première ligne et de plus en plus confrontés à cette problématique récente.

Si en pratique les cliniciens et les acteurs de terrains accueillent, écoutent et proposent des accompagnements spécifiques et spécialisés aux patients demandeurs d’aide concernant leur consommation de chemsex, si les associations telles que AIDES proposent des lignes d’écoute, des groupes d’autosupport et un espace à la parole, individuelle et en groupe, il n’existe à ce jour aucune recommandation pour prendre en charge les troubles psychiatriques comorbides ou associés des patients s’engageant dans cette pratique du chemsex.

Il apparaît pertinent de mieux comprendre la place et le rôle de ces médecins dans l’identification, le repérage et l’orientation vers des professionnels en santé mentale spécifiquement pour les personnes engagées dans une pratique de chemsex.

Les méthodes qualitatives s’intéressent à ce que les sujets disent de ce qu’ils vivent et sont particulièrement pertinentes pour explorer des phénomènes complexes. Il existe une littérature qualitative depuis 2015 autour de la problématique du chemsex.

Une revue systématique de la littérature qualitative sur la base de données Pubmed rapporte 31 études. Elles explorent principalement le vécu des personnes concernées par une pratique de chemsex : les facteurs favorisant l’entrée dans la consommation, les motivations et les leviers pour en sortir ; les besoins en termes de réduction des risques ; le rôle du traumatisme chez les usagers ; les comportements à risque et les impacts sur la santé ; le vécu de stigmatisation (« self-identified gay men »). Certaines études explorent la manière dont la pratique du chemsex influence l’accès et la bonne observance du traitement prophylactique pré-exposition ou PrEP chez les Gay, Bisexual, and other Men who have Sex with Men (GBMSM). Une étude explore les caractéristiques des « sessions de chemsex » pour mieux comprendre leurs spécificités et ainsi leurs besoins en termes de préventions.

Les participants de ces études pour la grande majorité rentrent dans le cadre de l’acronyme GBMSM. Les settings sont principalement intra-communautaires.

Une seule étude pilote explore l’expérience des stakeholders qui interviennent en termes de réduction des risques auprès des personnes chemsexeures en Angleterre.

A notre connaissance, aucune étude qualitative n’a été réalisée en France sur cette thématique et il n’existe pas de travaux internationaux ayant exploré l’expérience vécue des infectiologues et des médecins généralistes (MG) amenés à prendre en charge des patients « PrEPeurs » ou vivant avec le VIH et pratiquant le chemsex. Il s’agit ici d’une phase exploratoire pilote pour un projet de Recherche Action. Nos résultats seront donc pris en compte dans la mise en œuvre de l’étude soumise ultérieurement à un CPP.

Objectif principal :

Explorer la manière dont les infectiologues et MG recherchent, identifient, repèrent et prennent en charge les problèmes de santé mentale de leurs patients pratiquant le chemsex.

Cette démarche exploratoire permettra de proposer un projet de Recherche Action visant à dégager des propositions concrètes pour améliorer la qualité des soins auprès des patients concernés, pour améliorer le travail d’orientation vers des professionnels de santé mentale en fonction des besoins spécifiques de cette population, de créer des interventions psycho-éducatives auprès des médecins concernés et d’ouvrir des perspectives de recherche.

Objectifs secondaires :

Comprendre les enjeux auxquels font face ces médecins, en particulier autour du repérage des besoins en santé mentale et de l’orientation vers des soins « psy » spécifiques, pour les patients suivis pour la PrEP ou le VIH.

Références bibliographiques :

1. «Comorbidités psychiatriques dans une Autres sources sources de patients suivis pour chemsex», Jean-Victor Blanc (colloque Addictions Toxicomanies Hépatites Sida, Décembre 2019)

2. «Psychems: Association entre troubles de la personnalité et troubles de l’usage de substances en contexte sexuel (chemsex) chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d’Autres sources hommes (HSH)», Antoine Boulanger (colloque Addictions Toxicomanies Hépatites Sida, Décembre 2019)

3. Schmidt et al., 2016

4. Rapport « Chemsex », Ministère de la Santé (2022)

5. Etude APACHES _ Attentes et Parcours liés au CHemSex, Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies (OFDT) Mai 2019

6. Barbier, J. (2017). Chemsex. Insistance, 13, 189-204.

Données utilisées

Catégories de données utilisées

Autres

Source de données utilisées

Autres sources

Composante(s) de la base principale du SNDS mobilisée(s)

Non

Acteurs finançant et participant à l'étude

Responsable(s) de traitement

Type de responsable de traitement 1

Autre

Responsable de traitement 1

IPSE Association

Chemin de QUIRION, Château de Kerran 56610 ARRADON

Calendrier du projet

Terminé
Date de début : 01/02/2024 – Date de fin : 01/02/2025 Durée de l'étude : 12 mois
Etape 1 : Dépôt du projet
05/12/2023

Base légale pour accéder aux données

Encadrement réglementaire

Méthodologie de référence

Numéro d'autorisation CNIL

Durée de conservation aux fins du projet (en années)

3

Fondement juridique

Article 6 du RGPD (Licéité du traitement)

(1)(e) exécution d’une mission d’intérêt public

Transfert de données personnelles vers un pays hors UE

  Non

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