Analyse du profil de sécurité de la lidocaïne en IVSE dans le cadre d’une stratégie d’épargne opioïde chez une population pédiatrique âgée de 1 à 12 ans après chirurgie cardiaque congénitale : l’expérience du centre de réanimation cardiaque congénitale de l’hôpital Marie Lannelongue
Objectif(s) de la recherche et intérêt pour la santé publique
Finalité de l'étude
Objectifs poursuivis
Domaines médicaux investigués
Bénéfices attendus
La prise en charge de la douleur postopératoire après une chirurgie majeure chez l'enfant est un élément essentiel et un argument capital de débat en médecine per-opératoire pédiatrique.
Il s'agit de procédures chirurgicales de longue durée, douloureuses, qui requièrent une hospitalisation en réanimation pour la période postopératoire.
Ces interventions impliquent la présence de drains pleuraux et médiastinaux, de ventilation mécanique postopératoire sur sonde trachéale. En conséquence, il est impératif de suivre des protocoles rigoureux de sédation comme d'analgésie, en particulier lorsqu'il s'agit d'enfants, pour la mise en place d’une stratégie de réadaptation précoce efficace et sécurisée.
La prise en charge habituelle de la douleur post-opératoire comprend une approche poly-pharmacologique, impliquant l'administration de médicaments de différentes catégories.1
Typiquement, on utilise du paracétamol, des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) tels que le kétoprofène ou l'ibuprofène, ainsi que des analgésiques opioïdes forts pour la gestion de la douleur post-opératoire.
Le recours aux opioïdes forts, avec la morphine chlorhydrate comme référence, demeure le traitement le plus efficace et le plus couramment utilisé pour la gestion de la douleur après une chirurgie cardiaque. Néanmoins, cette approche est associée à plusieurs effets secondaires, notamment un risque accru de dépression respiratoire et d'altération de l'état de conscience, pouvant entraîner un retard dans le sevrage respiratoire, des nausées et des vomissements postopératoires, ainsi qu'un retard dans la reprise du transit intestinal. Par ailleurs, chez les enfants, l'administration prolongée d'opioïdes peut jouer un rôle dans le développement du syndrome de sevrage. Les séquelles à long terme de ce phénomène ne sont pas encore entièrement comprises.3
Par conséquent, plusieurs traitements adjuvants analgésiques ont été étudiés afin de réduire le dosage et les temps d'administration des opioïdes. Parmi ces traitements adjuvants, la perfusion intraveineuse continue de lidocaïne pendant la période intra et postopératoire semble montrer des résultats intéressants4–6
Lidocaïne et soins courants :
La lidocaïne en intraveineuse par seringue électrique (IVSE) est couramment utilisée en pratique comme traitement adjuvant pour la douleur postopératoire, faisant partie intégrante d'une thérapie poly-pharmacologique. Elle trouve notamment son application dans des chirurgies telles que la chirurgie spinale, la chirurgie générale et digestive, ainsi que la chirurgie ORL. 7
Mécanisme d’action : la lidocaïne exerce des actions antinociceptives, antihyperalgésiques et anti- inflammatoires. C'est vraisemblablement grâce à ces actions, plutôt qu'à un effet anesthésique local direct, que l'on explique la prolongation apparente de l'effet pendant plusieurs heures après la fin d'une perfusion. 2
La lidocaïne est utilisée depuis plusieurs années dans certains services de réanimation pour les cardiopathies congénitales. Plusieurs études menées chez l'adulte ont démontré l'efficacité et la sécurité de ce médicament lorsqu'il est administré en IVSE. Ces résultats ont motivé la réalisation d'essais cliniques chez les enfants. Nous avons identifié 7 études randomisées en double aveugle et 3 études observationnelles (dont 1 prospective et 2 rétrospectives) publiées depuis 2013. Ces études suggèrent l'utilisation de la lidocaïne, mais elles portent sur des populations relativement restreintes, en se concentrant sur les enfants et les adolescents à faible risque (ASA 1 et 2).
En se basant sur ces données et depuis janvier 2022, le service de réanimation cardiaque congénitale de l’HML a inclut la lidocaïne à visée d’épargne opioïdes dans son arsenal thérapeutique de gestion de la douleur pédiatrique. La lidocaïne est administrée couramment aux patients pendant les premières 24 heures post opératoires, ou la douleur post opératoire se manifeste avec la majeure intensité 8-9, surtout lorsqu’ une stratégie de « fast track » est mise en place (désedation et sevrage ventilatoire, ablation des drains, réalimentation et réhabilitation précoces).
L'objectif principal de ce travail est la révision systémique et l’évaluation de notre pratique clinique courant, afin que le service puisse offrir les meilleurs soins aux patients et de partager l’expérience de notre centre. L’objectif secondaire de ce travail est donc de démontrer la sécurité de l'utilisation de la lidocaïne en IVSE dans le cadre de la prise en charge de la douleur lors de chirurgies pour cardiopathies congénitales chez l'enfant (de 1 à 12 ans) admis en Réanimation des cardiopathies congénitales de l’hôpital Marie Lannelongue entre le 01 janvier 2022 et le 31/03/2024.
Nous nous baserons sur la base de données du service de réanimation des cardiopathies congénitales pour analyser le profil de sécurité de la lidocaïne.
Objectif principal
Montrer que la lidocaïne en IVSE pendant les 24 premières heures après chirurgie cardiaque congénitale est un médicament sûr pour l’analgésie adjuvante sécurisée chez l’enfant de 1 à 12 ans en analysant les données du service de réanimation des cardiopathies congénitales de l’hôpital de Marie Lannelongue.
Objectifs secondaires
Vérifier que la lidocaïne en IVSE peut réduire la consommation des opioïdes majeurs, ainsi qu’améliorer le contrôle de la douleur dans le cadre de la prise en charge postopératoire des patients opérés pour chirurgie cardiaque congénitale (Moins de complications, réduction de la durée moyenne de séjour, meilleur confort).
Population de l'étude :
Critères d’inclusion
- Patient dont l’âge 1-12 ans, de 10 jusqu’à 60 Kg.
- Patients hospitalisés dans le service de Réanimation Pédiatrique de l’hôpital de Marie Lannelongue entre le 01/01/2022 et le 31/03/2024, opérés pour une cardiopathie congénitale, avec ou sans CEC, par sternotomie ou thoracotomie, et ayant bénéficié d'un traitement par lidocaïne IVSE durant les 24 premières heures post chirurgie.
- Responsables légaux de l’enfant mineur acceptant de participer
Critères de non-inclusion
- Histoire d’hypersensibilité ou réactions adverse à la lidocaïne (« chlorhydrate de Lidocaïne »), ou aux excipients de sa formulation IV (Sulfites), ou aux anesthétiques locaux à liaison amide.
- Patients atteints de porphyries récurrentes
- Insuffisance hépatique sévère
- Troubles du rythme difficile à contrôler
- Responsables légaux refusant la participation de leur enfant
- ALR (type rachianesthésie, péridurale, bloc du plexus ou de nerve) au bloc ou en réanimation (Il faut arrêter l’infusion de lidocaïne en IV au moins 1 H avant de tout agent anesthétique local). L’infiltration de la cicatrice de thoracotomie au bloc est tolérée
- Patient sous tutelle ou curatelle
- Patient privé de liberté
- Patient sous sauvegarde de justice
Données utilisées
Catégories de données utilisées
Source de données utilisées
Autre(s) source(s) de donnée(s) mobilisée(s)
Appariement entre les sources de données mobilisées
Plateforme utilisée pour l'analyse des données
Acteurs finançant et participant à l'étude
Responsable(s) de traitement
Type de responsable de traitement 1
Responsable de traitement 1
Localisation du responsable de traitement 1
Représentant du responsable de traitement 1
Calendrier du projet
Base légale pour accéder aux données
Encadrement réglementaire
Durée de conservation aux fins du projet (en années)
20
Existence d'une prise de décision automatisée
Fondement juridique
Article 6 du RGPD (Licéité du traitement)
Article 9 du RGPD (Exception permettant de traiter des données de santé)
Transfert de données personnelles vers un pays hors UE
Droits des personnes
Conformément aux articles 13 et 14 du Règlement (UE) 2016/679 du Parlement Européen
et du Conseil du 27 avril 2016 (RGPD), les personnes qui se prêtent à la recherche doivent
être informées. Cette information fait l'objet d'un document écrit.
L’investigateur remet le formulaire d’information au patient soit par voie postale soit lors
de la consultation dans le service. Après un délai de 1 mois, si le patient n’a pas
recontacté l’investigateur, il est établi que la patient ne s’oppose pas à l’utilisation de ses
données. Le recueil de la non-opposition sera tracé dans le dossier médical du patient.
Les patients sont libres de participer à l’étude ou de s’en retirer à tout moment
conformément à l’article 21 du RGPD.
Lorsque cette recherche sera terminée, la personne qui se prête à la recherche pourra
être informée des résultats globaux de cette recherche selon les modalités qui lui seront
précisées dans le document d'information.