TELECONSO

Partenaires 

• L’Association du Département de Médecine Générale Recherche Formation Continue est une Association loi 1901, en lien avec le Département Universitaire d’Enseignement et de Recherche en Médecine Générale (DUERMG) de l’Université Paris-Est Créteil (UPEC).
• L’UPEC est un Établissement public à caractère scientifique culturel et professionnel (EPCSCP) comprenant le DUERMG, portant la recherche en soins primaires et l’équipe CEpiA (Clinical Epidemiology and Ageing), laboratoire de recherche, IMRB, INSERM U955.
• L’Université de Limoges est un EPCSCP, portant le Département Universitaire de Médecine Générale (DUMG) et l’unité VieSanté, laboratoire émergent, UR 24134 (Vieillissement, Fragilité, Prévention, e-Santé)

Contexte 

En 2018, plusieurs aménagements réglementaires ont encouragé la pratique de la téléconsultation et permis son remboursement. La téléconsultation est une consultation à distance entre un professionnel médical et son patient via l’utilisation des technologies de l’information et de la communication. La crise sanitaire a fortement accentué son utilisation, notamment par sa prise en charge à 100 %. Suite à la levée de l’état d’urgence en 2022, la prise en charge s’élève à 70 %, sous-tendant un reste à charge à hauteur de 30 % pour le patient. 

La direction de la Recherche, des Études, de l'Évaluation et des Statistiques (Drees) a mené un travail sur les téléconsultations de 2020 et 2021, à partir de données de la base principale du SNDS complétées de données d’enquête menées auprès de médecins généralistes . Il en est ressorti que 9,4 millions de téléconsultations avaient eu lieu en 2021, dont 8,3 millions avec un médecin généraliste,représentant 3,7 % de leur activité.

La téléconsultation a également été présentée comme une des solutions possibles à la problématique d’accès aux soins. Cependant, cela ne semble pas se confirmer par les données actuelles. En effet, selon le rapport de la Drees, 69,4% des téléconsultations sont réalisées par des patients vivant en centre-ville ou proche banlieue des grands pôles urbains, contre 17,9% pour les patients installés dans les territoires ruraux hors outre-mer.

Au-delà de la problématique d’accès au soins, la téléconsultation fait émerger d’autres questionnements en lien avec la qualité de soins et l’impact médico-économique de cette pratique. En effet, il semblerait que la téléconsultation entraîne une hausse de certaines prescriptions comme les antibiotiques, une re-consultation précoce plus importante et une tendance à la surprescription témoignant d’une plus forte incertitude de la part des médecins. 

À ce jour, aucune donnée sur la téléconsultation en France n’est publiée alors qu’elle représente presque 4 % des actes réalisés par les médecins généralistes et qu’elle ne semble pas répondre à son objectif de solution contre les déserts médicaux. Chez les médecins généralistes, elle amène des questionnements éthique et déontologique sur les modifications de leur raisonnement médical et sur la relation médecin/patient. L’apport de données descriptives de la prescription en téléconsultation à l’échelle nationale est nécessaire pour renforcer l’approche déontologique de cette pratique.

Objectif du projet 

Le projet TELECONSO est porté par l’ADMGRFC, en partenariat avec l’université de Paris-Est Créteil, l’UPEC et l’université de Limoges. Il vise à décrire et comparer le nombre de prescriptions réalisées à la suite d’une téléconsultation de médecine générale par rapport aux prescriptions effectuées suite à une consultation en cabinet. Étudier à grande échelle la pratique de la téléconsultation en médecine générale permettra de tendre vers une pratique plus déontologique et éthique pour répondre aux enjeux d’accès aux soins. 

Méthodologie et caractère innovant 

Le projet est l’un des premiers à chaîner des données de la base de données principale du SNDS avec des données ambulatoires. Il apportera des données concernant la prescription et la consommation de soins relatifs à la téléconsultation, à la fois en appariant ces deux éléments (la prescription et la consommation), en les comparant à la consultation en cabinet mais aussi et surtout en isolant la téléconsultation en médecine générale de celle réalisée via les plateformes dédiées à cet usage. A ce jour, les rares données françaises disponibles soit ne distinguent pas ces deux usages et ne sont pas centrées sur la pratique clinique, soit les comparent entre elles sans les rapporter à la pratique courante en consultation. Grâce à P4DP, il sera possible de relier solidement la pratique (prescription) à la consommation de soins en téléconsultation, ce qui n'est pas possible pour le moment.

Le plan expérimental pour répondre à la question est une étude de cohorte de type exposés/non exposés à la téléconsultation en médecine générale. La population exposée est une population de patients ayant télé-consultés sur la période d’étude, et la population non exposée est une population n’ayant pas télé-consulté sur la même période. Du fait du schéma d’étude observationnel, pour minimiser le biais d’indication et de sélection, un score de propension basé sur les facteurs associés à la téléconsultation, connus et supposés, sera construit. Les données seront ainsi comparées ce qui permettra de tirer des enseignements.

Le projet TELECONSO a été lauréat de de l’appel à projets P4DP. Dans ce cadre, l’apport du Health Data Hub a consisté à fournir un apport technique et humain. 

Résultat / Livrable attendu

L’étude fournira un rapport scientifique disponible en libre accès qui contribuera à améliorer la qualité des soins en guidant l’élaboration de guides de bonnes pratiques, orientant les choix institutionnels quant à l’organisation des soins et l’encadrement des pratiques en téléconsultation. Les programmes informatiques et les codes source produits dans le cadre du projet seront partagés avec la communauté scientifique. Enfin, cette étude permettra de mener à des nouvelles recherches médico-économiques en téléconsultation par exemple.